La
spéculation immobilière a été particulièrement développée en Floride.
Mais lorsque la crise survient, des milliers de familles ne sont plus
en mesure de payer leurs prêts hypothécaires, et se voient mises à la
rue, leurs maisons confisquées par les banques. Rick Carver (Michael
Shannon) est un ancien agent immobilier qui s'est reconverti dans
l'expulsion des "mauvais payeurs". Un jour, c'est au tour de Dennis
Nash (Andrew Garfield), qui vit avec sa mère Lynn (Laura Dern) et son
fils Connor (Noah Lomax), de se voir expulsé...
Les cinq premières minutes, bouleversantes et glaçantes, donnent toute
la dimension du drame vécu par des millions d'Américains, pris en
tenaille entre les banquiers véreux, et les pourritures (Michael
Shannon est à ce titre grandiose dans l'abjection) qui profitent aussi
bien des failles du système que des lois scélérates pour se bâtir une
fortune indécente. Mais à côté de ceux qui, précipités dans un abîme
sans espoir, choisissent la soumission, la révolte, voire le suicide,
le récit se focalise sur un homme qui, pour survivre, va choisir de
servir le système, de mettre sa conscience en veilleuse, pour devenir
l'exécuteur des basses oeuvres d'un margoulin criminel.
Servi par deux acteurs intensément ancrés dans leurs personnalités
respectives, le drame se développe de manière linéaire, implacable,
souvent poignante, parfois nébuleuse pour qui n'est pas versé dans les
magouilles financières, jusqu'à un dénouement somme toute prévisible.
Mais il décortique avec efficacité aussi bien la rage de surnager
quotidiennement que la difficulté extrême de survivre en choisissant
une voie contraire à sa conscience, même si les motivations (en
l'occurrence le devenir de la famille) paraissent louables. Ou comment
le rêve américain revêt des allures de cauchemar standardisé et
légalisé...
Film sur
IMDB