9 novembre 1918. La première guerre
mondiale est sur le point de se terminer. Mais, dans sa tranchée, le
lieutenant Henry d'Aulnay-Pradelle (Laurent Lafitte) n'en a cure. Il
fait croire que les deux soldats français qu'il a abattus l'ont été par
les Allemands, et ordonne une attaque de représailles. Albert Maillard
(Albert Dupontel) voit son ami Edouard Pericourt (Nahuel
Pérez-Biscayart) grièvement blessé au visage...
Avant de
porter un regard sur cette adaptation du célèbre roman, prix Goncourt,
de Pierre Lemaître, une anecdote. J'ai commencé à lire l'ouvrage il y a
quelques mois, et j'ai été immédiatement enthousiasmé par le style de
l'auteur. Puis, à la deux centième page environ, un brusque ras le bol
m'a saisi. Comme si ce style extraordinaire se faisait soudain trop
lourd, trop envahissant, trop prégnant. Et, malgré le désir de
connaître la suite de cette aventure insolite, je n'ai pas réussi à
replonger dans le livre. Expérience bizarre et unique...
C'est une lecture visuelle qui semble en osmose avec le genre très
particulier de l'écriture originelle. Le style narratif, l'esthétique,
la réalisation, même la musique génèrent chez le spectateur une
sensation proche de celle ressentie à la lecture. A savoir un mélange
d'ironie noire, de faux détachement, de délire savamment contenu et
calibré. La longue première partie du livre, consacrée à l'épisode des
tranchées, est ici considérablement réduite, ce qui ne nuit en rien au
résultat. Comédie, drame, politique, magouilles, criminalité,
compromissions se mêlent dans une sorte de ballet morbide, parfois
intimiste, parfois flamboyant, fidèle en cela tout autant à la marque
de l'ouvrage qu'à l'esprit d'Albert Dupontel. Il est dommage que le
fond de l'histoire, cette arnaque aux monuments aux morts, ne soit pas
vraiment captivante, sa seule raison d'être étant de permettre aux
individualités de dévoiler leurs turpitudes et leurs secrets intérieurs.
Film sur
IMDB
Bernard
Sellier