Sous
la direction du "Professeur" (Alvaro Morte), les braqueurs ont réussi
leur coup et coulent des jours heureux en divers points du monde. Tokyo
(Ursule Corbero) vit avec Rio (Miguel Herran) dans un e île
paradisiaque des Caraïbes. Mais elle s'ennuie et décide de partir. Rio
commet l'erreur de l'appeler avec un téléphone satellite acheté en
Turquie. Aussitôt Interpol les repère. Tokyo parvient à s'enfuir, mais
Rio est arrêté et incarcéré dans un lieu secret...
S'il y a un défaut que l'on ne peut reprocher à cette série, c'est de
traînasser. Dans les trente premières minutes de cette nouvelle saison,
le spectateur retrouve les qualités fondamentales de la série. A
savoir une frénésie enthousiaste qui anime chaque membre, une chaleur
amicale et humaine constante, une énergie débordante et une connivence
qui génère immédiatement une vague d'empathie envers ces supposés
truands. Car la dimension sociale apparaît elle aussi rapidement.
Certes, si l'on ne s'arrête que sur l'apparence immédiate, nous n'avons
affaire qu'à des voleurs. Mais au-delà de cette évidence primaire, c'est
aussi et surtout la révolte contre l'ensemble d'un système financier
pervers qui est mise en exergue. A ce titre, le second épisode ne peut
que soulever des houles d'enthousiasme devant ces milliers de citadins
qui huent les forces militaires venues défendre un capitalisme sauvage
générateur d'une misère sans précédent dans le monde.
Si l'on ne regarde cette nouvelle saison que de manière basique et
superficielle, nous n'y verrons qu'une décalcomanie des deux saisons
précédentes. La banque d'Espagne ayant remplacé la fabrique de la
monnaie. Le processus narratif est lui aussi le même. A savoir une
infiltration des lieux, une mise en route de l'exécution du plan, et de
multiples flashback narrant au spectateur la manière dont le coup a été
préparé. C'est vrai, dans ce domaine, il n'y a pas de franc
renouvellement et il sera toujours possible d'ergoter sur la
vraisemblance de certaines situations. Mais cette série est bien loin
de se réduire à un récit de casse génial. Même si l'action se révèle,
comme auparavant, époustouflante d'énergie et de rage. L'oeuvre est
avant tout une fresque humaine peuplée de personnages inoubliables, qui
présentent un équilibre quasi magique entre folie juvénile,
inconscience, maturité et gravité.
Dessinées avec une chaleur humaine qui n'occulte jamais leurs noirceurs
ou leurs aspects pathologiques (Palerme, par exemple), toutes les
figures qui évoluent devant nous affichent une profondeur émotionnelle
et une puissance charismatique qui ne se rencontrent quasiment jamais
avec cette intensité. A ce titre, la nouvelle venue dans les rangs de
la police, Alicia Sierra (Najwa Nimri), se montre particulièrement
gratinée. Enceinte jusqu'aux yeux, elle affiche, sous ses dehors
charmeurs, un sadisme qui marque durablement. Outre l'inventivité
permanente dans le registre de l'événementiel, avec des pics
dramatiques dopés à l'adrénaline pure, le récit se permet aussi de
longues confrontations idéologiques ou psychologiques qui enflamment le
coeur et atteignent, par moment, un véritable état de grâce.
C'est peu dire que l'on attend avec une impatience haletante la suite de cette folle aventure.
Film sur
IMDB