Le
parcours chaotique de Tonya Harding (Margot Robbie), championne
américaine de patinage artistique, depuis ses débuts sur la glace, à
l'âge de 3 ans, jusqu'au scandale des Jeux Olympiques d'hiver 1994, où
elle est impliquée dans l'agression de l'une de ses rivales, Nancy
Kerrigan (Caitlin Carver)...
Et quand on qualifie le parcours de chaotique, c'est un faible terme !
Car, dès son plus jeune âge, Tonya est soumise à l'autorité maniaque,
hystérique, déchaînée de sa mère LaVona ( extraordinaire Allison
Janney, un cigarillo toujours vissé aux lèvres ), qui, entre coups,
insultes, délires, vacheries, lui mène une vie infernale. La rencontre avec son
futur mari, Jeff Gilloly (Sebastian Stan) ne change guère l'orientation
de sa vie, puisqu'il se montre particulièrement violent et imprévisible.
Dès lors, avec
un tel cheminement, le spectateur pourrait s'attendre à une
transcription cinématographique misérabiliste, ou, tout au moins,
sensible. Surprise ! Il n'en est rien ! Bien au contraire. Réinventant
à chaque instant le concept de biographie, l'oeuvre offre une narration
décapante, innovante, acide, insolente, explosive, constamment
chaotique, âpre, disloquée ( introduction permanente de plans
postérieurs à l'histoire ), à l'image de la vie de cette championne
hors normes. Car, à l'image de sa mère, Tonya n'a pas sa langue dans sa
poche, allant même jusqu'à insulter les membres du jury.
En observant le tempérament de la championne, on ne peut qu'établir un
parallèle avec John McEnroe, que l'on a retrouvé récemment dans le film
consacré à sa rivalité légendaire avec Bjorn Borg ( 'Borg McEnroe'
). Mais la similitude reste dans le domaine des personnalités, car
l'approche cinématographique se montre radicalement différente. Le film
de Janus Metz, aussi intéressant soit-il, demeure ultra classique,
tandis que Craig Gillespie renouvelle totalement le genre du biopic.
Oscillant en permanence entre thriller improbable et drame burlesque à
la façon des frères Coen, avec intervenants déjantés ( mention spéciale
à Shawn (Paul Walter Hauser), en bouffon mégalomaniaque ) et sauts
incessants entre récit et commentaires face caméra, l'oeuvre surprend,
émeut ( grâce à l'exceptionnelle prestation de Margot Robbie ),
et captive de bout en bout.
Film sur
IMDB