Saison 2
1945.
La seconde guerre mondiale est terminée depuis six mois. Claire Randall
(Caitriona Balfe) et son mari Frank (Tobias Menzies) se rendent pour
une seconde lune de miel dans les Highlands d'Ecosse. Ils assistent de
nuit, en secret, à une cérémonie ancienne et mystérieuse. Le lendemain,
lorsque Claire se rend sur les lieux, le simple fait de toucher un
menhir la fait basculer dans une faille temporelle...
Avant de parler de cette série, évoquons quelques antécédents qui ne
manquent pas d'intérêt. Le premier est bien connu, sous le titre des
'Fantômes du Petit Trianon'. Le lecteur intéressé pourra consulter
plusieurs sites, dont Wikipedia, qui détaillent cette aventure pour le moins insolite, survenue à Versailles en 1901.
Le second, beaucoup moins connu, est particulièrement intéressant. En effet, Raymond Bernard,
ancien Grand Maître de la Rose-Croix AMORC, évoque dans l'un de ses
ouvrages, 'Rencontre avec l'Insolite', la stupéfiante expérience du
'Bossu d'Amsterdam', et propose à l'intéressé une tentative
d'explication de ce qu'il a vécu. Il y a quelques années, le texte
était consultable sur Internet à la demande de l'auteur, mais il semble
désormais que seule l'introduction est accessible. Celles ou ceux qui seraient intéressés par cette lecture peuvent me contacter. Je leur enverrai le texte.
Dans les deux cas, les personnes s'étaient fortuitement retrouvées dans
une période temporelle di fférente. C'est bien sûr ce qui survient dans
le cas de Claire, et ce basculement marque le début d'une aventure hors
du
commun. Le sujet est passionnant pour toute personne qui est mordue de
fantastique ou d'univers parallèles. L'héroïne est sympathique. Et
pourtant c'est avec une
certaine difficulté que l'on rentre dans l'histoire. Il n'y a pas de
raison majeure. C'est plutôt un ensemble de caractéristiques
secondaires qui freinent l'enthousiasme qui devrait saisir le
spectateur. Tout d'abord, hormis le basculement fondamental, il ne se
passe pas grand chose d'intense dans les cinq premiers épisodes. Les
dialogues, souvent primaires, et les commentaires en voix off
dispensables, n'arrangent pas les choses. Ensuite, c'est l'impression
générale d'un 'too much' qui s'installe. De longs échanges en gaëlique,
de longues envolées de musiques celtiques, c'est sûr que ça donne un
fond d'authenticité indéniable. Les personnages sont plus
typés que typés (Colum, Dougal, le prêtre exorciseur...). Les décors
sont plus pouilleux que pouilleux (que de bouillasse !). Tout cela
procure une sensation d'artificialité gênante. Mais le plus
handicapant, en ce début de saison, est que, malgré le charme
individuel patent des deux héros, l'alchimie ne fonctionne guère entre
eux. Mentionnons également des scènes très longues et statiques ( le
face à face de l'épisode 6 entre Claire et les Anglais puis Black Jack
), qui ne manquent certes pas d'intérêt psychologique et historique,
mais génèrent une pesanteur dommageable au rythme de l'histoire. Il
faut attendre les épisodes 7 et 8, avec l'union des deux protagonistes
( elle aussi très très longue ! ), pour qu'un commencement d'empathie
se manifeste.
Heureusement, de multiples points positifs demeurent. Le récit trouve
ses racines dans une période troublée de l'histoire anglaise, et
détaille de manière convaincante les moeurs de l'époque. A travers
l'aventure individuelle de Claire, qui est en quête de son identité
propre et de ses envies réelles, se dessine un tableau des relations
hommes femmes, ainsi que des rapports entre familles et clans.
Qui plus est, certaines heureuses surprises, voire même des miracles
surviennent alors qu'on s'y attend le moins. Nous en avons pour preuve
l'épisode 11, qui ravive d'un coup le concept de base, jusque là réduit
au basculement originel de l'héroïne, et dont l'intensité aussi bien
émotionnelle que dramatique tranche
radicalement avec la léthargie narrative qui prévalait jusqu'alors.
Elle reprend d'ailleurs dès l'épisode suivant, jusqu'aux deux derniers
épisodes où le spectateur retrouve passion et tension éruptive.
Une première saison qui souffle le chaud et le froid. Le thème central
(le décalage temporel) est captivant, mais se révèle totalement absent
de la narration, réduite, si l'on peut dire, à une fresque
historico-romantique inscrite dans une période bien délimitée. La
lenteur du récit et l'abondance de verbiage se révèlent souvent
lassants, mais quelques fulgurances passionnelles et sauvages ( avec un
méchant-pervers que l'on n'est pas près d'oublier, mais aussi une
violence à
la limite parfois du complaisant ) viennent pimenter le récit. Elles
donnent l'envie de plonger dans la suite, en espérant que, cette fois,
les liens entre les deux époques seront nettement plus exploités.
Film sur
IMDB
Bernard
Sellier