Johan
(Erland Josephson) est maître de conférences à l'institut
psychotechnique. Son épouse depuis dix ans, Marianne (Liv Ullman) est
avocate spécialisée en droit de la famille. Ils ont deux enfants et
leur couple passe pour un modèle. Ils reçoivent un jour deux de leurs
amis, Peter (Jan Malmsjö) et Katarina (Bibi Andersson), qui exposent
brutalement
leurs conflits intérieurs et les rancoeurs profondes qui les
gangrènent. Dans son travail, Marianne reçoit Madame Jacobi (Barbro
Hiort af Ornäs), qui
souhaite instamment divorcer, bien qu'elle n'ait pas de reproche majeur
à adresser à son mari. Le couple formé par Johan et Marianne serait-il
le seul à résister aux tempêtes ?...
Il est
difficile de résister à l'envie de poser la question en espérant une
réponse dynamique, voire explosive, tant le cinéphile de base est peu
habitué, en 2009, à cette caméra statique, à ces longs plans fixes, à
ces conversations interminables qui composent l'intégralité de ces six
épisodes ( 1. Innocence et panique ; 2. l'art de cacher la poussière
sous
les meubles ; 3. Paula ; 4. la vallée des larmes ;
5. les analphabètes ; 6. en pleine nuit ). A
peine trente secondes
d'extérieurs pour voir un véhicule arriver, c'est un atome
infinitésimal d'aération en regard de ces vues de personnages le plus
souvent assis, qui, durant quatre heures, dissertent sans fin de
l'amour, de la vie, de la culpabilité ou de la jalousie. Et pourtant...
Si l'on accepte de faire taire le mental et son besoin d'agitation
perpétuelle, si l'on parvient à entrer, le coeur et l'âme ouverts, dans
l'intimité de ces couples, la récompense est grande. Transcendés par
des acteurs exceptionnels de présence et de naturel, les êtres que nous
voyons évoluer acquièrent rapidement une intimité profonde
avec nous, devenant presque des amis qui se confient autant à leur
conjoint qu'aux spectateurs qui les contemplent. Rien de transcendant
dans ces confessions maladroites, dans ces souffrances mal définies,
simplement le vécu de gens ordinaires, qui pourraient parfaitement être
notre frère ou notre conjoint. C'est dans cette proximité qu'ils sont à
la fois touchants et universels. Mais, assurément, le
parcours demande une certaine patience, une accalmie intérieure
durable, pour apprécier pleinement ces considérations
psychologico-mystiques, qui parcourent l'océan de l'existence humaine,
depuis le maelstrom des attirances sexuelles jusqu'au mystère profond
du sens de la vie. Au bout du compte, c'est une tendresse profonde que
l'on ressent pour ces personnalités fragiles et si proches.
Rarement dans le cinéma, une oeuvre sera parvenue à expliciter
avec autant de réalisme, de compassion et d'humanité, combien la
connaissance de l'autre, et, plus encore, de soi-même, combien la
capacité de cultiver l'authenticité à chaque instant, est un
parcours hérissé de murailles presque infranchissables.
Film
sur IMDB