Travis Bickle (Robert de Niro) est chauffeur de taxi. Insomniaque, il
travaille jour et nuit et, contrairement à nombre de ses collègues,
accepte n'importe quel client pour n'importe quelle destination. Il
aperçoit un jour une jeune femme blonde, Betsy (Cybill Shepherd), qui
travaille à la permanence du Sénateur Charles Palantine (Leonard
Harris), candidat à la Présidence. Il est fasciné par sa beauté. Elle
accepte son invitation d'aller voir un film, mais le choix de son
compagnon, un porno, la choque profondément. Elle refuse de le revoir.
Travis s'nefonce dans la solitude et le refoulement...
Un classique parmi
les classiques pour plusieurs raisons. C'est l'un des premiers grands
succès de Martin Scorcese. C'est, hormis "Le Parrain 2"
l'un des premiers rôles marquants de Robert De Niro. C'est l'apparition
dans une oeuvre majeure de Jodie Foster, 14 ans à l'époque, qui avait
déjà un gros passé artistique, mais dans des séries télévisées. Et,
surtout, c'est un film qui ne peut laisser indifférent. Fondé sur une
thématique proche de celle de "Un justicier dans la ville" (2 ans plus tôt), il prend le contrepied quasi absolu de ce dernier. Là où Michael
Winner imposait un personnage qui, au fil des versions deviendra de
plus en plus monolithique, Scorcese nous offre le portrait d'un être
complexe et complexé.
Premier grand succès de Scorcese après "Mean Streets" dans lequel
Robert DeNiro apparaissait déjà, "Taxi Driver" semble contenir en germe
toute la violence qui explosera dans les chefs-d'oeuvre ultérieurs,
tels "Les Affranchis", "Casino" ou encore "Gangs of New-York". Loin de ces
personnages clinquants, assumant sans états d'âme leurs choix extrêmes,
que ce soit dans le crime ou dans les affaires, Travis est un pauvre
type, aigri, frustré, gangrené par la solitude, sorte d'anti-symbole du
rêve américain ensoleillé. Il vit la nuit, parcourt sans relâche les
quartiers sordides, se nourrit de films pornographiques, échoue
lamentablement dans ses tentatives de retrouver une vie "normale" (la première sortie qu'il propose à Cybill est la vision d'un film porno !), et
finit par ne plus supporter le monde qui l'entoure, parce qu'il ne se
supporte plus lui-même. Tout comme "Rambo" se
découvrait être une verrue dans le monde d'après la guerre du Vietnam,
Travis, lui aussi ancien Marine (mais sa personnalité floue et ses
affabulations laissent planer un doute...), en est une également dans
l'enfer de la mégalopole.
Robert DeNiro, presque débutant, mais déjà
intense dans cette incarnation d'un looser protéiforme, donne une
énergie quasi animale à ses pulsions de nettoyage radical, tandis que
surnagent, vaillamment, ses aspirations à sortir de la fange, à
s'ériger en Bon Samaritain. Quant à Jodie Foster (14 ans à l'époque !),
à peine reconnaissable, mais déjà débordante de charme, elle avait
derrière elle une trentaine d'apparitions dans des films ou séries
télévisées ! Impressionnant !
Un
poème lancinant, souvent désespéré, dans lequel apparaissent quelques
zébrures lumineuses, et orchestré par la main d'un maître.
Dommage que le doublage français ( vision sur Amazon Prime 2019 ) surprenne par sa neutralité.
Film sur
IMDB